Mardi 7 juillet 2015 2 07 /07 /Juil /2015 17:05

Avec la non autorisation de personne. Si ça gène j'enlèverai bien entendu.. mais merci pour la tranche de rigolade.

http://www.rue89.com/2013/05/24/jeune-diplome-galerien-putain-pourtant-tavais-18-latin-242586

 

 

Notre journaliste Ramsès Kefi a mis bout à bout des épisodes de sa vie de chômeur et de travailleur précaire pour raconter le poids du regard des autres.


Un chat qui réfléchit au sens de la vie (Hollerotron/Flickr/CC)

Tu as rendez-vous à 15h30 à Pôle emploi. Tu as deux priorités : trouver du taf, mais aussi ne pas te faire griller par quelqu’un que tu connais. Sur le chemin, tu marches vite. L’agence est en face d’une bibliothèque.

MAKING OF

Parfois, le chômage et/ou la galère sont difficiles à assumer. Quand j’écoute les gens en parler autour de moi, « le regard des autres », outre celui que l’on porte sur soi, revient souvent. C’est stupide et annihilant à bien des égards, mais c’est comme ça.

 

Dans ce petit témoignage, j’ai agrégé quelques épisodes de ma vie de « galérien ». Ramsès Kefi

Tu fais une petite feinte de corps, qui pourrait laisser penser que tu es là pour t’instruire. Puis tu improvises trois petits pas chassés, tout en souplesse, pour aller à ton rendez-vous.

Tu chuchotes à l’agent d’accueil ton nom et celui de ta conseillère. Tu surveilles les entrées, au cas où quelqu’un te verrait. Tu regardes ta montre, comme si tu attendais une cargaison de coke.

On t’appelle fort. Tu murmures un « moins fort, bordel », parce que ce genre de détail peut faire foirer tout ton plan de camouflage. Tu crois reconnaître un voisin. Tu tournes la tête pour semer la confusion dans son esprit.

« Naaaaaaaaaannnnn ! Toi ? A Pôle emploi ? »

Dans le bureau, on t’explique que tu ne peux compter que sur toi-même. Tu t’en fous, parce que ça, tu t’y attendais. Tes pensées sont ailleurs. Sortir incognito, exactement comme tu es entré. Dix minutes plus tard, tu y es presque.

Ta main moite se pose sur la poignée de la sortie pour t’esquiver, quand tu entends une voix grave crier ton prénom :

« Naaaaaaaaaaaaaannnnn ! Toi ? A Pôle emploi ? T’étais pas à l’université à un moment ? »

Le mec est aux anges. Tu lui as fait sa journée. Il se fout de ta gueule et ne s’en cache pas :

« Tu te souviens quand on m’a envoyé faire du repassage en quatrième ? Les salauds. Toi, t’étais au premier rang, tout frais. Ben voilà. »

« Prends ça dans ta gueule »

Tu ne devrais pas avoir honte d’être en galère. Ça arrive, surtout en temps de crise. Mais comme tu as un diplôme de troisième cycle, ça change tout pour certaines personnes de ton entourage, qui deviennent ton cauchemar. En gros, c’est toi le plus con, parce que tu étais censé faire partie de l’élite.

Tu t’es vu trop beau et voilà le résultat, tu as échoué. Ton ambition ? C’était de l’arrogance. Donc tu mérites d’être un peu chatouillé. A force, tu as intégré l’idée que tu es un raté et tu te mets à raser les murs pour esquiver les langues fourchues.

Celles de quelques voisines par exemple, qui font remarquer à ta mère qu’elles te voient à 11 heures du matin au café. A cette heure-ci, les personnes normales travaillent. Leurs enfants fuguent régulièrement ou pioncent à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Ça, elles s’en moquent.

Dans leurs yeux, tu lis la phrase suivante, en majuscules, surlignée au Stabilo rose :

« Tu croyais que tu étais mieux parce que ton fils était mieux que le mien ? Prends ça dans ta gueule. Il est dans la merde, comme eux. »

Ta mère, qui ne s’est jamais vantée de sa vie, a quand même une tchatche : « Mon fils fait une thèse. » Pan ! Et comme elle est taquine, elle n’oublie pas de rétablir la justice :

« Quand la police vient chez toi perquisitionner, si tu as besoin d’un coup de main pour ranger après, n’hésite pas à m’appeler. »

Tu n’es pas la star, mais presque

Tout ça, c’était avant que tu ne signes un CDI de 87 heures au McDonald’s, pour te remplir un peu les poches. En attendant.

Tu en as choisi un à 50 bornes de chez toi, pour rester anonyme. Tu n’es pas une star, mais presque. Si c’est pour qu’on vienne te rappeler tous les jours que tu n’es pas à ta place au milieu des frites, ce n’est pas la peine.

Mais au bout de trois jours, comme dans un film d’horreur, tu comprends qu’on te retrouvera toujours. Un mec de ta classe, qui s’était lui-même surnommé « l’âne bâté » au lycée – on lui donnait les bonnes réponses aux contrôles mais il avait faux quand même – passe prendre un menu dans une BMW qui te pique les yeux.

Faut que tu t’éclipses. Lui, c’est l’archétype du casse-couilles. Tu dis au manager que tu as envie d’aller aux toilettes. Il ne te croit pas. Il sent l’entourloupe. « Ben chie dans ton froc. » Pendant que tu hésites à t’en prendre à lui physiquement, tu te rends compte que c’est déjà foutu :

« Putain, truc de fou. T’avais des 18 en latin. Lupus capram videt [“le loup voit la chèvre”, ndlr] mon pote. Je suis content de te voir, tu as bonne mine. »

Dans ta chambre, tu craques

Tu es habillé en gris foncé, avec des rayures rouges sur ton polo. A la base, t’as une sale trogne, donc ce mélange de couleurs n’arrange absolument rien. Tu le vois chuchoter des choses à sa copine. C’est sûr, il parle de toi. Tu lui sers son menu et attends le petit commentaire. Pas de panique, il arrive :

« Donc, si je comprends bien, après le lycée, tu as fait des super études et là, tu garnis des Big Mac. Franchement, c’est cool.

Tu ne m’as pas demandé pour moi par contre, mais c’est pas grave, j’anticipe. Je gagne 2 738 euros sans les primes. Comment ça se fait que tu bosses le dimanche ? Tu as des RTT après ? Tu peux te dépêcher par contre, j’ai un avion pour Cuba. »

Tu rentres chez toi avec les chicos serrées. Tu te fais des tartines à la confiture de coings et tu passes deux heures à envoyer des CV. Tu sens encore les « potatoes » et les oignons. Tu as pris une douche, mais l’odeur est tenace. Ça te monte à la tête. Alors, dans ta chambre, tu craques.

Tu mets un petit coup de tête dans une étagère et tu mets un penalty dans un livre d’histoire de la Mésopotamie. Comme tu as oublié que tu ne vis pas seul et que tu n’as pas de serrure dans ta chambre, ton père débarque et te met une feinte de gifle. Ça te calme direct.

En bas de ta tour, dans ton quartier

Tu as quand même envie de te faire mal, alors tu rodes sur le profil Facebook de tes anciens potes de fac. Ils sont tous bronzés, alors que toi, le soleil ne veut même plus voir ta gueule. A ce moment, ton frère passe à côté de toi et tu lui arraches le morceau de flan qu’il a dans les mains.

Et là, tu pètes de nouveau un câble, avec de la noix de coco entre les dents. Tu décides de modifier ton profil Facebook. Tu rigoles fort, parles tout seul et de la sueur suinte sur ton front. Tu indiques que tu vis à Miami (Etats-Unis) et mets une photo qui pourrait laisser penser que tu es près d’un building. En réalité, tu es en bas de la tour 29, dans ton quartier.

Un matin, tu ouvres ta boîte mail et découvres que tu as un entretien le lendemain avec une entreprise. Tu as tellement postulé que tu ne sais plus de quoi il s’agit. Tu te rafraîchis la mémoire et apprends par cœur l’histoire de la boîte. Pour éviter tout accident, tu remontes jusqu’au XVIIe siècle.

Tu postules partout où tu vois la mention CDI

Tu te pointes au rendez-vous trois heures avant. Tu es motivé et tu assures avec le responsable RH. Le mec a l’air content et laisse sous-entendre que c’est OK. Tu ne dis rien à personne, mais tu es rayonnant. Une semaine, deux semaines, trois semaines, pas de réponse.

Tu passes un petit coup de fil. « Désolé, on ne va pas donner suite. » Tu tapes « armes lourdes » sur LeBonCoin.fr, parce que tu viens de planifier un truc horrible. Ton directeur au McDo t’appelle :

« Hier soir, tu as oublié de mettre des myrtilles sur les Yogurts. Tu vas recevoir un recommandé mon gars, t’es foutu. »

Tu souris nerveusement. Tu penses que les Illuminati sont dans le coup. Forcément. Ou bien que tu es filmé par un groupe de chercheurs qui t’ont choisi pour une expérience.

Tu te mets à faire des pompes – une ou deux– et tu postules partout où tu vois la mention CDI. Les jours qui suivent, ton téléphone n’arrête pas de sonner. On t’appelle pour te dire qu’on te rappellera.

Ou bien on t’appelle pour te dire qu’on a regardé ton CV, ta lettre de motivation mais qu’on ne veut pas de toi. Donc qu’on ne te rappellera pas.

Comme indiqué sur mon profil, je suis à Miami

Tu es à bout. Tu as besoin de prendre du recul, parce que là, tu vois tout en noir. Tu es trop nerveux et peut-être que ça bousille tes entretiens d’embauche. Que tu émets des ondes négatives. Tu te remets en question.

Tu écoutes « Hélène » de Roch Voisine et tu commences à te détendre. C’est vrai que tu as la rage quand tu y repenses. Faut que tu relativises. Et puis, bosser au McDo en attendant, ce n’est pas une maladie. Ouais, tu les emmerdes. Tu retrouves le sourire et tu lèves le poing en l’air. Tu te sens libre, léger, serein.

Tu ne trouves pas le sommeil tout de suite, alors tu tchates un peu avec un pote sur Facebook, qui a fait des études encore plus longues que les tiennes.

Tu veux t’excuser. Tu l’as vu à la mission locale tout à l’heure, mais tu n’as pas eu le temps de lui dire bonjour. Comme tu tapes très lentement, il a déjà pondu un long texte :

« Comme indiqué sur mon profil, je suis à Los Angeles depuis quelques mois là. Je ne compte pas rentrer, il fait quel temps chez vous ? »

Tu ne te dégonfles pas :

« Comme indiqué sur mon profil, moi, je suis à Miami. »

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Ecrire un commentaire - Par Z. - Publié dans : Présentation
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Commentaires

Putain de galére, t pas le seul, les gens dans cette situation devraient postulé pour prendre la place de nos hommes politiques, il y a beaucoup de gens plus capable que ces malandrins.

commentaire n° :1 posté par : Patrice g le: 19/06/2013 à 22h23

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