Coup de génie d’un jeune sculpteur, cette oeuvre surpassant le modèle grec a été réalisée par Michel-Ange avant qu’il eût atteint l’âge de 30 ans. Commencée en 1501, elle a été dévoilée le 8 septembre 1504 sur la place de la Signoria à Florence.

Le David de Michel-Ange

 

 

Une oeuvre de génie

Ce n’est pas l’homme victorieux que Michel-Ange a représenté, ni le futur roi. C’est le jeune homme qui va à la rencontre de son destin : choisi pour affronter Goliath, il a peu de chances « objectives » de vaincre. Sa vie est entre les mains de Dieu, et dépend d’un miracle. C’est un sentiment mêlé de peur et de confiance qui agite le héros, et qui marque le front de la statue. La posture est naturelle, équilibrée, aérienne, concentrée et suggère le mouvement.

Sur un plan purement technique, et même si nous sortons là du domaine artistique, il faut signaler que le bloc de marbre dans lequel Michel-Ange a sculpté son David avait déjà été largement ébauché par un sculpteur qui, voyant que l’oeuvre venait mal, avait finalement abandonné son projet, ce qui rendait la tâche de réaliser une statue complète dans ce bloc presque impossible. Michel-Ange réussit à caler son modèle d’une manière si parfaite que les bords du blocs affleurent au sommet de la tête, à l’épaule et le long de la base.

Un détail du David : la tête

 

Michel-Ange a réalisé ce coup de maître avant l’âge de 30 ans. Terminée en 1503 et érigée en 1504, à l’aube de la Renaissance, alors que l’artiste était déjà à Rome, ou sur le point d’y partir, appelé par le pape Jules II, cette statue dans le goût florentin lui a assuré une notoriété immédiate. Comme son sujet le roi David, ce jeune génie, par cette victoire inattendue, s’est hissé de son vivant au niveau de la légende.

On pense que c’est un marbrier de Carrare qui fut le modèle de Michel-Ange : il ne faut pas passer à côté de l’évidente jouissance de l’artiste à représenter cet homme, et le traitement des détails – poils, tétons, peau, muscles, sexe – tout témoigne du désir qui l’animait. Mais, contrairement à ses prédécesseurs, Michel-Ange n’a pas joué sur ambiguité, évidente dans les David de Donatello et de Verrocchio, le corps n’est rien moins qu’androgyne. Il s’agit d’un homme fait, éclatant de jeunesse et de virilité.

Par cette oeuvre, Michel-Ange a égalé le génie des grands sculpteurs de la Grèce Antique, tout en créant un nouvel archétype. Comme Phidias, il introduisit dans son travail, parfois, des écarts par rapport aux canons anatomiques, en fonction de l’emplacement que devraient occuper ses sculptures (grossissement des têtes pour les statues placées en hauteur… ici, on peut constater une évidence : la jambe gauche est plus longue que la jambe droite). Peu de sculpteurs ont eu de telles audaces.

Un détail du David : la main droite

Nous sommes donc ici dans un domaine qui est au delà de l’exactitude anatomique, dans une anatomie au service de l’expression. Nous sommes dans l’illusion du réalisme, et non dans le réalisme. Les beaux-arts, par essence, ne sont jamais des copies de la réalité, mais visent à créer une illusion de réalité idéelle. L’artiste recrée le monde à l’image de son imagination.

La statue exposée sur la place de la Signoria à Florence, devant le Palazzo Vecchio, est une copie. L’original se trouve à l’Accademia.